Rencontre avec Keji Fasuyi

Comment se sont déroulées tes études secondaires? As-tu vécu des expériences qui t’ont menée vers ton choix de carrière?

Dans mon cas, l’école secondaire, c’était formidable. À l’époque, j’ignorais ce que je voulais faire dans la vie. Il faut reconnaître que j’ai obtenu mon diplôme d’études secondaires à l’âge de 15 ans. J’étais donc plutôt jeune et je profitais pleinement de la possibilité de me faire des amis et d’apprendre beaucoup de choses. J’ai grandi dans une famille nigériane typique, dans laquelle les seuls choix consistaient à devenir médecin ou avocate. Mes parents ont décidé que je deviendrais médecin. J’adorais les mathématiques, la physique et la biologie, mais, pour une raison que j’ignore, la chimie était mon talon d’Achille. Sans la chimie, je ne pouvais pas être admise pour étudier la médecine et mon deuxième choix était donc l’informatique, uniquement parce que ma famille possédait l’un des cybercafés dans la petite ville où j’ai grandi. J’ai été davantage exposée à des ordinateurs que la plupart des gens et je pensais que, s’il s’agissait d’un diplôme, aussi bien l’obtenir puisque je suis douée pour cela. Ma douance dans le domaine se limitait à taper des documents, à créer des présentations de mauvais goût et à jouer à Pinball. Imaginez ma stupéfaction lorsque j’ai compris ce que des études en informatique impliquaient vraiment.

Qu’est-ce qui a marqué un tournant dans ta carrière?

Je dirais qu’il s’agit de ma troisième année à l’université, lorsque j’ai eu l’occasion de faire un stage dans l’une des banques les plus réputées. Ces six mois se sont déroulés d’une façon particulièrement mouvementée et intense, mais j’ai constaté que j’y étais ignorée. Le Nigéria est une société patriarcale et l’on doit malheureusement s’y attendre. J’effectuais beaucoup de travail, mais un collègue de sexe masculin en recueillait tout le mérite. Je suis quelque peu rebelle et j’ai considéré cette expérience comme un défi; j’allais leur prouver qu’ils avaient tort. Durant toute cette expérience, j’ai découvert que j’aimais vraiment résoudre des problèmes au quotidien. Que je doive faire mes preuves chaque fois constituait assurément une injustice, mais j’ai appris à m’affirmer et ce trait de caractère s’est avéré bien important, tant dans ma vie professionnelle que dans ma vie, en général.

Durant ta carrière ou tes études, as-tu eu un mentor qui a eu une incidence considérable?

Oui, c’est le cas. Lorsque j’ai commencé comme stagiaire chez Shopify, on m’a attribué une mentore. Je pense que le fait de travailler dans une si grande entreprise m’aurait vraiment intimidée si elle n’avait pas été là pour faciliter mon travail. Elle est exceptionnelle. Elle s’intéressait également beaucoup à ma croissance et à mon développement et je pense que cela pourrait sembler fort anodin, mais bénéficier d’une mentore exceptionnelle peut faire toute la différence.

As-tu des conseils à transmettre aux jeunes femmes qui entreprennent des carrières en STIM?

Oui, leur indiquer que les carrières en STIM peuvent être difficiles, mais qu’elles le sont pour tout le monde. Il ne faut pas avoir peur de poser des questions. Tout le monde s’en pose encore.

Si tu pouvais souligner un seul élément de ton travail, quel serait-il?

La réponse réside à 100 % dans le sentiment omniprésent de toujours résoudre des casse-têtes. J’adore les casse-têtes! J’aime le sentiment qui accompagne la résolution d’un problème sur lequel on s’est penché durant un certain temps. C’est extraordinaire!

Est-ce que tes études ou ton expérience de travail en Afrique ont contribué à ton cheminement de carrière au Canada ou ont-elles eu une incidence sur ton déménagement au Canada?

En effet, c’est le cas. Je travaillais dans le cadre d’une initiative de Microsoft en Afrique, qui s’appelait Interns4Afrika, et il s’agissait d’un excellent moyen pour parfaire mes compétences. Néanmoins, mon travail là-bas a mis en évidence des lacunes dans mes compétences en science des données, que j’ai estimé pouvoir combler pour moi-même. Cela m’a encouragée à m’inscrire à la maîtrise en science des données au Canada, puis à déménager ici.